C’est fou, des fois, j’ai l’impression que les opportunités se mettent d’elles-mêmes sur ma route, que la vie fait des plans pour moi, à mon insu.
Comme j’étudie en architecture, je trouve assez drôle l’idée que je ne sois même pas celle qui dessine les contours de mon avenir. Mais au fond, en architecture comme dans le reste, c’est la direction qu’on décide de prendre qui détermine la suite.
Les projets se présentent. Les idées se manifestent. On fait toujours des choix.
L’opportunité de démarrer Faux Mouvement en même temps que je poursuis mes études s’est imposée à moi comme l’a d’abord fait la course à pied.
Par besoin de bouger. Parce que les gens avec qui j’allais le faire me donnaient envie d’ajouter ce défi à ma vie.
J’habite avec Kevin, mon amoureux qui est aussi un de mes trois associés, dans un appartement du Vieux-Québec, à quelques mètres de l’École d’architecture de l’Université Laval. Comme bien des gens, la pandémie m’a obligée à repenser mes habitudes. J’ai eu envie d’aller dehors plus souvent. C’était aussi l’occasion de voir du monde. Donc je me suis mise à courir.
Pas très vite. Pas très bien. À ce jour, je ne suis pas trop certaine d’avoir la bonne foulée. Je sors et je cours 5 km. Parfois un peu plus. L’idée, c’est de changer de décor rapidement et d’avoir pris l’air dans la journée.
J’en profite aussi pour voir des amis. Même s’il ne s’agit pas de coureurs, en alternant la marche et la course, tout le monde peut se joindre à moi, et on saisit l’occasion pour se parler, pour faire cette petite mise à jour qui est aussi, pour moi, une remise à zéro.
C’est là que je m’éloigne de mes écrans et de mes obligations pour mieux réfléchir, pour retrouver mon équilibre mental, pour être en mesure d’accomplir tout ce qui me passionne et m’occupe. Mes études. Et maintenant, mon entreprise.
Je cours beaucoup pour voir mes amis. Comme je le disais, c’est aussi en bonne partie à cause de la gang que j’ai choisi de cofonder Faux Mouvement : Kevin, Guillaume et Charles, mes associés. Vous aurez l’occasion de faire leur connaissance et de mieux comprendre pourquoi j’avais envie de travailler avec eux. Mais, dit simplement : ce sont des individus qui partagent mon désir de rassembler les gens autour d’une activité, d’une idée du goût qui est celui des belles et bonnes choses.
C’est drôle. Plus ma vie va vite et plus j’ai envie de courir à mon rythme, pas trop lentement ni trop rapidement. J’ai mon allure. Je me laisse porter par l’énergie qui m’habite, par le flux de mes pensées.
La charge de travail ne me paraît jamais trop importante lorsque je la ponctue d’une séance de course. Je pars de la basilique, vais vers la promenade des Gouverneurs et monte vers les Plaines. Soudainement, mon regard embrasse le fleuve, l’immensité de l’horizon qui s’ouvre. Le vent fouette mon visage et mes jambes amortissent mes pas, m’obligeant à me concentrer sur mes sensations plutôt que sur mes pensées que je laisse voguer, me traverser.
Chaque fois que je prends un moment pour la course, chaque fois que j’entreprends un projet, j’ai l’impression que ce sont eux qui s’imposent à moi, qui m’appellent. Puis, les plans se dessinent à mesure, dans ma tête. Les idées foisonnent. Courir me permet de faire le tri. Car à la fin, peu importe comment les choses se présentent à moi, c’est comme pour mon allure, c’est toujours moi qui choisis.